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LA PASSE D'ARACELI F.

Beatriz Saldarriaga, psychanalyste

Le dégèle une holophrase 

 

Le témoignage d’une passe. Araceli se rend compte dans son témoignage de sa rencontre singulière avec un dire, dit par les femmes de son village qui ont connu sa mère morte quand elle avait huit mois. « Ay, si su madre la viera », en français : « Ah, si sa mère la voyait ». Cette phrase évoque la présence de la mère morte en produisant un fort malaise corporel, qu’elle a pu nommer grâce à l’analyse, « comme une jouissance qui s’était fixée dans mon corps à la manière d’une holophrase ». Nous savons qu’une holophrase est une solidification qui s’oppose à l’effet de la métaphore, et les conséquences en sont là, où aurait pu se produire un symptôme (telle une conversion), surgit un phénomène psychosomatique. Araceli est touchée dans son corps sans pour autant qu’aucune maladie fasse son apparition ; En revanche elle a une écriture en forme d’holophrase, du dire des femmes de son village, « Aysisumadrelaviera ». Il a fallu que son père soit malade, qu’elle décide d’aller à son chevet, qu’il soit mort pour qu’elle constate que la mort de celui-ci ne produit ni tristesse, ni peine, mais la laisse gelée. Peu de temps après, une lésion immunologique (un lupus) attaque son corps. Araceli décrit très bien comme la mémoire de la jouissance fixée dans son corps s’est activée au moment où elle doit faire le deuil du père.           

 

Avec un troisième analyste et par l’intermédiaire d’un acting out, dans lequel elle empêche à un enfant la rencontre avec une collègue qui est malade de cancer, et qui a comme habitude de dire, « Si je suis en vie, c’est parce que je veux voir mes enfants grandir ». Araceli raconte à son analyste son acte, et l’analyste lui interprète : « Il ne va pas la voir mourir … Elle ne va pas le voir grandir ». L’interprétation produit un choc dans son corps séparant le regard et la mort. Elle vide le regard de la vue, son corps se sépare de la maladie, le lupus se désactive.       

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