LE CORPS EN CRISE DANS LA PRATIQUE PSYCHANALYTIQUE ET MÉDICALE
COLLOQUE INTERNATIONAL

La rage « utopique » des corps
Christian Hoffmann, psychanalyste, professeur de psychopathologie clinique, directeur de l’Ecole Doctorale, Université Sorbonne Paris Cité, Paris Diderot.
Le « corps-prison » de l’être philosophique est venu remplacer l’illusion grecque d’un langage détaché du corps, les paroles avaient des ailes ! Freud a inventé la corporéité du langage et le langage des corps. Mais c’est avec Nietzsche que le corps est devenu l’Autre par sa capacité de se métamorphoser en dessinant la contingence inattendue des altérités imprévisibles au sein de sa présence à soi. Il est ainsi devenu pour Michel Foucault[1] une grande rage utopique, le lieu de tous les ailleurs et le théâtre du jeu entre nécessité et liberté. Ce corps-Autre, comme l’appelle Lacan, fragmente la solidité de l’identité et met en question le sujet classique de l’unité des représentations. Le corps comme force d’insoumission et de rupture est toujours déjà au-delà de soi, tendu vers l’autre.
[1] A. Sforzini, Michel Foucault. Une pensée du corps, Puf, 2014