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Le corps morcelé dans l'art et la médecine

 

Isabel Fortes, Professeur du Departamento de Psicologia Clínica da Pontifícia Universidade Católica do Rio de Janeiro, Professeur Colaborateur du Programme post-doctoral en théorie psychanalytique de l´Universidade Federal do Rio de Janeiro, membre de l’ Espaço Brasileiro de Estudos Psicanalíticos.

 

 

 

Foucault, dans la « Naissance de la clinique » (1980/1998), montre comment le modèle de la médecine clinique dans le champ des savoirs a son origine dans la dissection de cadavres, à partir d'une expérience de la désillusion et du désenchantement du monde qui a révélé l'intérieur du corps, en lui donnant de la visibilité. Il se produit ici un déplacement du regard qu´on a sur le corps, lequel n'est plus vu comme une unité, mais plutôt représenté comme un corps démembré.

 

Il est intéressant d´observer qu´effectivement l'art accompagne les chemins pris par la science (ou vice versa?). Un exemple notable survenu dans la peinture néo-classique révèle la force de l'élément qui s´impose sur le tout, maintenant dépouillé de son caractère sacré et religieux. Ingres illustre cette transformation dans le regard que l'art porte sur le corps, puisque ses peintures démontrent comment les parties sont devenues déterminantes par rapport au tout, lequel va donc être obligé de se réorganiser à partir de la primauté de celles-là.

 

Ingres était un peintre français néo-classique du XIXe siècle qui a subverti le classicisme en rassemblant les parties du corps sans se restreindre aux rigueurs de l'école néo-classique, ce qui a amené à l'insérer dans un «néo-classicisme pervers" (Coli, 2010, p. 135). L'étude approfondie de l'anatomie pour assurer l´unité cohérente des corps s´avérait fondamentale pour le courant néo-classique.

 

Ingres ignore les canons de l'anatomie et présente minutieusement les parties du corps sans avoir un compromis avec les règles de l'unité anatomique. Les parties, dans ses tableaux, suggèrent non seulement des formes, mais des traitements différents, qui, à la fois, présentent des déformations et juxtapositions lesquelles s´échappent à un système unificateur. Cette façon de valoriser obsessionnellement les études partielles du corps dans une forme de peinture qui ressemble à un collage ont fait que Ingres deviendrait plus tard le "saint patron de Picasso" (Coli, 2010, 135).

 

Donc, nous pouvons observer que le domaine de l'art a présenté un mouvement parallèle du champ de la médecine, lorsqu'il a mis en scène le corps morcelé, en permettant à ce dernier de gagner une valeur qu´il n'avait pas avant.

 

 

Références bibliographiques

 

Coli, J. (2010). Ingres e as perversões do classicismo. O corpo da liberdade: reflexões sobre a pintura do século XIX. São Paulo: Cosac Naif.

Foucault, M. (1963). O nascimento da clínica. Rio de Janeiro: Forense Universitária, 1998.

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